lundi 4 août 2008

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Quand on n'est pas critique professionnel, mais quand on aime la lecture et les livres, quel est le but de publier la critique d'un livre ?
  • d'abord, répondre à la consigne de Masse Critique (on reçoit un livre - ou plusieurs - gratuitement et on s'engage à publier sa critique
  • ensuite, chercher à faire aimer le livre que l'on a soi-même aimé, ou bien donner son avis défavorable sans toutefois en dégoûter les autres - "j'aime pas" vs. "c'est pas bon".

Mais faut-il vraiment le raconter ? Souvent, je lis des critiques qui :

  • déflorent l'histoire et ne font rien pour me donner envie de le lire (l'histoire seule ne suffit pas)
  • sont trop dithyrambiques (joli mot, non ?), remplies de mots finalement vides de sens qui ne transmettent pas l'enthousiasme
  • sont trop négatives, arbitraires, mais pas argumentées


Ce que je veux lire, c'est l'enthousiasme, ou bien le dénigrement documenté. Je veux du ressenti...

Et me voilà
, moi, devant la page blanche du critique amateur. Ou plutôt, devant ma page bien loin d'être blanche ; elle est au contraire couverte de phrases dans tous les sens : j'ai trop à dire, mais si je dis trop, que va-t-il rester au futur lecteur ? Je dois faire part de mes sentiments, mais je ne dois pas influencer les sentiments de l'autre. Zut et zut, c'est pas facile de critiquer un roman (La mère des chagrins)... Alors, je vais commencer par les autres volumes que j'ai reçus par Masse Critique.

Des livres de photo, c'est plus facile, non ?












J'ai donc eu la chance de recevoir non pas UN livre de photos à
critiquer, mais DEUX. En effet, le recueil de photos est composé de deux tomes.

Je présente l'auteur et le sujet, et vous livre ensuite mes impressions sur le tome 1.



L'auteur :
Jürgen Nefzger, né en Allemagne et vivant et travaillant à Paris. Depuis le début des années 90, il porte un regard sur les mutations du paysage.


L'ouvrage : Hexagone - 1. Le paysage fabriqué - Paysages périurbains et de loisirs 1995-2000

Ce premier livre contient uniquement des photos en N&B, prises comme le titre l'indique en France. Les centre commerciaux photographiés sont vides, les lotissements sont inachevés, les rares vivants apparaissant sur les clichés sont immobiles. Sur une des photos, un lotissement pris de haut me fait penser au modélisme ferroviaire qui recrée sur une immense table un réseau ferré avec un village : des maisons de carton pimpantes et bien peintes, mais vides de toute vie. Les quelques plages (partie loisirs) que l'on voit ne donnent nullement envie de s'y prélasser. Même les paysages non bâtis me semblent tristes, peut-être parce que je suis influencée par les autres pages...



On peut voir également sur 4 clichés la démolition de 2 tours : avant, pendant, toute la poussière soulevée, puis après. Et on se demande s'il y a vraiment une différence entre avant et après (sans doute pour les habitants, mais ils sont absents de ces clichés).



En fait, le photographe met une grande distance entre l'objet photographié et lui, donc nous. Tous ces clichés me semblent profondément pessismistes, constats peut-être pas de l'échec de l'empreinte de l'homme sur la nature, mais surtout de la vanité de l'homme.

Deux photos semblent sortir du reste : la première et la dernière.

La première, c'est un autoportrait de l'auteur de facture classique. Photo posée et mise en scène où Jürgen Nefzger se représente en touriste (chapeau, bières, chaise longue,... ), mais dans un décor urbain où il semble être le seul être vivant.

Sur la dernière photo, on se prend à espérer : une grand-mère et sa petite fille avancent, nous les voyons de dos, sur un chemin. Elles se dirigent vers une partie boisée et vont bientôt croiser d'autre promeneurs venant sur leur gauche...
Mais, le chemin, absolument rectiligne, civilisé car tondu sur les deux côtés, monte tout droit vers... on ne sait pas ce que c'est exactement, mais on voit très bien les quatre grandes cheminées là-bas au-delà des arbres...



Bref, ce que j'en retiens : distanciation, précision quasi "médecine légiste", dérision, humour aussi, et pessimisme. Mais rien à redire du point de vue esthétique : composition, éclairage et tout ce qui fait une bonne photo, tout est là. Et, malgré tout ce qui précède, une réelle personnalité qui ressort de cet ouvrage !


Bon, désolée de la longueur de ce texte : je pourrais faire plus court, mais auriez-vous envie de feuilleter ce bouquin ?


A suivre : le deuxième tome de ce livre...

Tiens, profitons-en pour informer le lecteur, toujours friand des dernières nouvelles :

Le jeudi 5 juin 2008, le jury du Prix Niépce des Gens d’images, présidé par Sylvie Aubenas, directrice du département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France, a décerné le Prix Niépce 2008 à Jürgen Nefzger.
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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et moi qui me sentais coupable de ne pas t'avoir demandé "alors ??? ces vacances ? c'était comment ?" quand je t'ai appelé ce matin ... j'ai bien fait de ne pas demander finalement. Oui, bon, j'avoue, je viens de céder à la tentation d'allumer l'ordi et de me connecter au monde extérieur du fond de ma lointaine caverne carqueiranesque. Et voilà que je surfe depuis une bonne heure mineuh de rrrien (avé l'assent) ...argh, fait trop chaud de toute façon, je vais attendre que le baromètre baisse encore un peu pour aller m'offrir un rafraichissement en terrasse au milieu de mes congénères ... d'autres touristes, quoi. J'aime cet endroit, il me distrait.
Bref, tout ça pour dire que je viens de lire tout ce que je ne t'ai pas demandé au téléphone... très bien, me voilà donc à jour malgré la distance qui nous sépare... vive le progrès.
Allez, c'est l'heure. Juste une minute, le temps d'enfiler mes tongs pailletées, de chausser mes RayBan miroirs, de décapoter le 4x4 ...oh, j'arriveuh, con. Non, non, je ne renie en rien mes origines nordiques, c'est juste que c'est un peu difficile de ne pas imiter malgré soi l'accent du coin.
A part ça, j'ai mis à jour mes deux blogs, pendant que j'y étais, un peu de pub, c'est toujours ça de pris...
J'te claque la bise... A bientôt!