samedi 6 septembre 2008

Deuxième tome...

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L'auteur : c'est toujours Jürgen Nefzger, né en Allemagne et vivant et travaillant à Paris. Depuis le début des années 90, il porte un regard sur les mutations du paysage.

L'ouvrage : Hexagone - 2. Le paysage fabriqué - Paysages périurbains et de loisirs 1995-2000

Si le premier livre contenait uniquement des photos en N&B, celui-ci est en couleurs et, de nouveau, Hexagone oblige, toutes ont été prises en France. Il s'agit de nouveau d'un témoignage, ou plutôt d'un état de lieux.

Premier cliché - comme dans le premier tome, il s'agit d'un autoportrait. Autant celui du 1er tome faisait dans la dérision (façon touriste) et la distanciation, autant celui-ci me paraît plus sombre et plus parlant. Une route de campagne, sur la gauche un tas de gravats et le photographe penché, la tête dans un seau... pour ne pas voir ?

Les photos sont en couleurs, mais les couleurs n'apportent ni vie, ni gaieté. Le tout reste pour moi très pessimiste.

Plages mazoutées, marée noire, raffinerie de pétrole, dégâts de la tempête de l'hiver 2000, décharges, sacs en plastique à l'assaut des arbres, maison en ruines, ...




D'autres clichés montrent la présence de l'homme, mais pas les dégâts ; simplement la présence et tout n'est pas laid : les empilements de cagettes jaunes sont plutôt photogéniques, non ?





et les rangées de chariots de supermarchés bien alignées,



et l'exposition de piscines individuelles,


et la modernité de l'agriculture actuelle, ...







Dans ce tome, l'homme est la plupart du temps absent des clichés, sauf trois ou quatre : ramasseurs de mazout, - véliplanchiste sur fond de tours de refroidissement, joueurs de golf, baigneurs, ..., mais l'oeuvre de l'homme (si l'on peut dire !) est omniprésente.

Ah, il y a une photo qui me touche particulièrement. La voici :


Je vous explique : mon père travaillait dans la France entière et jusqu'à mon entrée à l'école à 6 ans, ma mère et moi sillonnions les routes avec lui. Il travaillait souvent dans le sud, et étant basé en Seine-et-Marne, la route que nous prenions le plus souvent était donc la fameuse RN 7. Les stations-service s'y succédaient, les nombreuses enseignes également : Esso, BP, Total, Fina, Shell, Antar, Mobil, Avia, Elf...

A l'arrière de la voiture, le regard au bord de la vitre arrière, je passais en revue toutes ces aires colorées et familières. Puis, mon père a pris l'A6, comme tout le monde et moi, je ne le suivais plus que pendant les vacances scolaires. Et quand nous prenions la N7, nous voyions ces petites stations disparaître... non, pas disparaître, mais péricliter les unes après les autres, vitrines cassées avant d'être murées, des herbes folles envahissant le parking et les pompes, le sol en béton se soulevant par plaques, les graffiti, le feu parfois... Puis il est arrivé la même chose aux routiers et petits restaurants, puis des villages déviés ont perdu une grande partie de leur population...

Bref, j'ai la nostalgie de ces petites stations et de tous ces endroits sinistrés, et j'ai souvent pensé les prendre systématiquement en photo, sans toutefois passer à l'action...

Bien que gardant une certaine distanciation, il me semble que les photographies de ce livre sont plus "sensibles" et que Jürgen Nefzger y est plus critique que dans le premier livre.

La dernière photo : un véliplanchiste seul devant les quatre tours de refroidissement de la centrale nucléaire Carrenom. Est-elle optimiste ou pessimiste ?

Cela ne dépend que de nous...
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Beaux livres de photos banales...

Je doute cependant que les villages ait beaucoup souffert des déviations. Je pense que dans bien des cas ça a été un grand soulagement. Certes certaines station et petits restau routiers ont disparu...

à un de ces quatre...

claire a dit…

Hello Jean-François,

J'habite une petite ville qui a évidemment bénéficié de sa semi-déviation.
Je crois que c'est la nostalgie de toutes mes pérégrinations de prime jeunesse qui fausse ma vision. Oh puis tant pis, je vais le dire, au risque d'être (une fois de plus ridicule) : c'est mon coeur qui parle, sans réflexion aucune.
Et moi, j'aime bien cette banalité des paysages que nous voyons tous les jours.
Je vais de ce pas rendredu visite au génepi (et l'argousier)
;o))